Une go "choco" à Abidjan!

mardi 27 mai 2014

Mémo pour Gaou* - Accident de voiture

Bon, après vous avoir raconté toute ma mésaventure, je pense être en mesure de vous conseiller. Ayant été Gaou* au moment des faits, étant désormais yèrè*, j’ai décidé de vous faire un petit mémo (amicalement appelé "Mémo pour Gaou") sur la marche à suivre lorsqu’on fait un accident à Abidjan.

Il faut :

  1. Toujours faire constater les dégâts par un agent, surtout si à première vue, les réparations semblent être importantes. (Les gens qui demandent un arrangement là, soit c'est parce qu'ils sont en tord, soit c'est parce qu'ils veulent payer moins cher. Mais bon, tout est sujet à appréciation).
  2. Laisser son véhicule sur place, prendre un taxi et se rendre au commissariat qui couvre la zone où a eu lieu l’accident pour faire appel à l’agent de constat. (C’est comme ça à Abidjan ooh! Dans mon cas, si le tonton-en-boule n’avait pasappelé là, ça allait être compliqué pour moi !)
  3. Prier pour que l’agent soit sur place au moment où vous arrivez au commissariat, sinon vous allez attendre des heures.
  4. Payer le transport de ou des agents pour les faire venir sur le lieu de l’accident (Ah ! Sinon ils ne se déplacent pas ooh, ils n’ont pas les moyens, c’est la vérité qui est là !)
  5. Raconter sa version des faits, plusieurs fois s’il le faut. La répétition est pédagogique. (Les billets de « tais-toi »* aussi sont pédagogiques, à vous de voir).
  6. Garder son calmedevant la potentielle mauvaise foi de l’autre protagoniste.
  7. Payer 10 à 15 000 Fcfa de frais de dossier, main à main, directement à l’agent sans attendre de reçu (oui c’est pas la peine de se faire du mal pour rien !) sachant que le formulaire de déposition est désormais gratuit, mais peu de gens le savent alors les agents en profitent (dixit mon assureur).
  8. Veiller à ce que les traces de démarcation soient bien faites au sol par les agents de police, au cas où votre véhicule doit être déplacé pour faciliter la circulation. Comme ils n’ont jamais rien pour tracer (non, c’est pas comme à l’étranger où ils ont du matériel de pro. Non ! Ici c’est la débrouille. Un morceau de caillou fait toujours l’affaire, même si ça ne marche pas tout le temps. On prend ça comme ça. Maintenant, si vous êtes du genre maniaque et organisé, prévoyez des bouts de craies dans votre voiture pour gérer ce type de situation.)
  9. Retourner au commissariat avec les agents pour faire sa déposition. (Le tais-toi de tout à l’heure là, gère leur transport. Donc ça c’est bon.)
  10. Toujours prévoir la photocopie du papillon de l’assurance pour compléter le dossier à la police.
  11. Sympathiser avec les agents et les policiers pour qu’ils soient agréables durant ce moment pénible.
  12. Accepter de perdre 3 heures de son temps pour faire tout ça.
  13. Ne pas fuir, comme moi, lorsque l’agent veut vous comprendre que vous devez mettre la main à la poche une nouvelle fois. Gérez ça autrement, c’est mieux !
  14. Le jour même ou dès le lendemain, effectuer une déclaration de sinistres auprès de son assurance.
  15. Faire constater les dégâts par un cabinet d’expertise auto.
  16. Si l’expert a fait une évaluation, vous pouvez engager les réparations à vos frais.
  17. Si l’expert conseille un garage, ne pas oublier de demander une facture normalisée qui correspond au montant estimé par l’expert auto.
  18. Réclamer le constat à l’agent.
  19. Déposer le constat + le dossier de l’expert + la facture normalisée (si elle a été demandée) chez son assureur.
  20. Si vous avez raison dans l’affaire, vous avez des chances de vous faire rembourser. Encore faut-il que l’autre véhicule soit également assuré.
  21. Vous armer de patience car le remboursement peut prendre des mois.



Moi, je vous conseille même d’enlever votre tête dessus* une fois que vous avez déposé le dossier et vivez votre vie, sinon vous allez avoir des ulcères.
Chacun à sa force de persuasion, chacun à le bras plus ou moins long, chacun sait s’il veut rentrer dans le « système » ou pas. Ce qui est sûr, en Afrique, c’est technique !

Voilà un peu comment les choses se passent au pays. Bien sûr ce mémo n’est pas exhaustif, et des situations différentes peuvent engendrer d’autres types d’interventions, mais, ça vous donne une idée de ce à quoi il faut s’attendre.

Dans tous les cas, roulez prudemment.
Tchüss !



Légende :
Gaou: qui ne connait pas.
yèrè: qui sait maintenant (dans le sens avoir la connaissance de quelque chose qu'il ignorait auparavant).
* Enlever votre tête dessus: ne plus y penser, ne pas le prendre à cœur.

* Les billets de « tais-toi: les dessous de table.
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